Beauchastel

église Saint-Jean l’Évangéliste.

Depuis le XVIème siècle, Beauchastel a subi la destruction successive de trois églises, à cause des crues de l’Eyrieux ou des guerres de religion.

Une nouvelle foi en 1751, mais la construction d’une nouvelle église ne fait pas l’unanimité. Une opposition politique et religieuse tente d’y faire obstacle en contestant son emplacement et en retardant l’adjudication des travaux. Il ne faut pas oublier que les protestants n’ont ni temple ni cimetière… C’est le 25 août 1761, lors d’une réunion dirigée par le premier consul François Coulet, que sont adjugés les travaux à Antoine Courbix, dernier moins disant, avec la somme de 4380 livres. Une aide royale de 2000 livres permet d’acheter le terrain et de payer un tiers d’avance à l’entrepreneur. Celui-ci emploiera des maçons limousins qui ont travaillé à la construction du pont de Saint Laurent du Pape. Une délibération du conseil municipal affirme que cette église sera solide « puisque de toutes parts on découvre le rocher, excepté d’une partye du cotté du ruisseau qui traverse la place, mais qu’il ne seauroit luy nuire par ses irruptions puisqu’il est porté par le devis que ce cotté on fouillera également jusqu’au rocher pour y asseoir touttes les fondations ».

La bénédiction de l’église, qui prend comme les précédentes le vocable de Saint Jean l’Evangéliste, se déroule le 2 juillet 1769 en présence du vicaire général de l’Evêque de Valence, des curés de Beauchastel, la Voulte, Saint Laurent et Royas, ainsi que des personnalités de la commune.

.Le 12 octobre 1772 , bénédiction par le curé Salvaigne d’une nouvelle cloche de 4 quintaux, baptisée Charlotte en l’honneur du prince de Soubise, Charles de Rohan, seigneur de Beauchastel, qui a financé la refonte de cette cloche. Le parrain est Pierre Pélissier Dubesset, châtelain de la baronnie de Beauchastel, et la marraine Dame Philippine Deblot, épouse de Jean-Jacques Rast, capitaine de cavalerie et juge. L’église était dotée d’une belle cloche, mais l’entrepreneur Courbix attendait toujours le paiement de 1343 livres. Les faibles ressources de la commune ne permettaient pas un règlement rapide.

Malgré sa construction récente, l’église nécessite en 1783, des travaux urgents car elle «menace d’une ruine prochaine ». L’entrepreneur Pierre Lallemand, qui refait entre autres la toiture, ne sera payé qu’en 1791. La commune doit recourir à un emprunt forcé auprès des plus gros contribuables de Beauchastel.

Lors de la révolution en 1789, L’église est utilisée comme lieu de manifestations. Le 30 août, on y procède à l’élection des « officiers de la compagnie de milice bourgeoise », c’est-à-dire la garde nationale. Jacques Garnier, bourgeois, est élu capitaine commandant. Le 29 novembre, le vicaire Raphet, pour obéir à la proclamation de la loi martiale, y bénit le drapeau rouge de la garde

Durant l’année 1795, la nation, en guerre contre la monarchie d’Europe, manque de ressources et fait procéder à l’inventaire des églises. Les objets en argent de celle de Beauchastel (calice, patène, ostensoir, croix) sont expédiés au magasin des dépouilles. L’église devient le temple de la raison où se tiennent les assemblées de la Société Populaire et les séances du conseil municipal, convoquées au son de la cloche.

Après le concordat de 1801, la paroisse est rattachée au diocèse de Viviers, et l’église est rendue au culte. De nouvelles réparations, exécutées par le citoyen Antoine Vignal, maçon, sont entreprises « pour garantir le cœur et la sacristie de l’humidité qui endommage les ornements qui y pourissoient ».

De 1810 à 1820, Beauchastel n’a pas de curé et dépend de la paroisse de Saint Laurent.

Vers 1845, le maître-autel en marbre remplace celui en bois tout vermoulu  .

Des travaux sont entrepris en 1859, pour assainir l’église et lutter contre la pénétration de l’humidité. Il est envisager de repaver la rue de la Brèche, refaire la rigole contre le chœur au nord de l’église, crépir et blanchir les murs intérieurs et restaurer la façade. Le conseil municipal recourt à une imposition extraordinaire de 1200 francs pour financer ces travaux. Vers la même période le curé Manoha fait percer les deux chapelles latérales de Saint Joseph et de la Sainte Vierge et supprimer la tribune qui risque de s’effondrer.

En 1862, refonte de la cloche fêlée proposée par le curé Masneuf. On lui donne le nom de Marie-Delphine Antonia. Parrain : Jacques-Antoine Giraudier. Marraine : Mme Marie Delphine Mirabel-Chambaud, épouse Micaud.

Le conseil de fabrique rédige en 1873 un compte-rendu alarmiste : « Les eaux d’une partie de la rue de la Brèche suintent par infiltration et rendent l’église tellement humide, ainsi que la sacristie, que le linge, les ornements et autres objets nécessaires au culte ne peuvent y séjourner sans se couvrir de moisissure et se détériorer…La charpente est vermoulue…La voûte lézardée menace la vie des personnes réunies dans l’église… » . Le conseil municipal accepte, l’année suivante, de faire exécuter des travaux rue de la Brèche ainsi qu’à la toiture et entreprendre un glacis dans l’église. De plus, il conseille la pose d’ouvrants sur les vitraux pour aérer l’édifice.

En 1889, une fois de plus,  la toiture est réparée, avec pose de chenaux. La voûte du chœur est repiquée et enduite, et une cloison de doublage, couronnée par une corniche en ciment, est montée dans le chœur.

De nouveaux travaux sont entrepris en 1897 pour tenter « d’empêcher l’humidité du mur, côté ouest, de pénétrer la voûte de l’église ».

Le 9 février 1906, M. Piroux, receveur de l’enregistrement de La Voulte, procède à l’inventaire de l’église conformément à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de décembre 1905. Le curé Ginhoux, nouveau prêtre de la paroisse, et les membres du Conseil de Fabrique lui remettent deux protestations écrites.

En 1911, après la construction, d’une nouvelle chaire en bois par le menuisier Frédéric Coulet, le curé Ginhoux fait électrifier l’église avec 60 lampes 600 bougies, accrochées à des lustres.

Le 31 juillet 1921, Inauguration du monument à la mémoire des morts de la guerre 14-18. Au centre de ce monument, érigé contre le mur ouest de l’église, se dresse la statue de Jeanne d’Arc.

A l’initiative du curé Drevet, un important aménagement intérieur est entrepris en 1962: consolidation de la tribune et construction d’un escalier d’accès en béton ; suppression du confessionnal en bois et remplacement par un autre bâti sous la tribune ; suppression de la chaire, de la table de communion, de statues et ornements anciens ; installation de deux poêles à fuel pour le chauffage ; restauration du chœur et de la sacristie ;suppression des lustres et l’église est entièrement repeinte. Ensuite  la sonnerie de la cloche est automatisé.

En 1974, la toiture est refaite avec des plaques en fibrociment recouvertes de vielles tuiles pour préserver le site de vieux village.

L’autel en marbre est remplacé en 1978, par un bloc de granit grossièrement taillé.

la façade et le clocher sont restaurés en 1982. La technique des pierres apparentes à larges joints est préférée à l’enduit.

De nouveaux travaux d’assainissement et de restauration sont effectués en 1984: réfection des enduits intérieurs sur les murs et sur la voûte ; modification des autels latéraux ; pose de lambris sur le pourtour du chœur, d’aiguilleté dans le chœur, d’un revêtement de sol dans la nef, d’un nouveau garde corps à la tribune ; installation d’un chauffage électrique et d’un nouvel éclairage.

Le 17 janvier 1995, retour dans le clocher de Marie-Delphine Antonia. Elle était partie fêlée à Trémise en Maine-et-Loire. Elle est revenue sonnant avec justesse le do dièse. .

Depuis la construction de cette église, environ tous les 20 ans des travaux ont été inlassablement entrepris de tenter de remédier à la pénétration des eaux. Malgré l’évolution des techniques, ce problème d’humidité est hélas toujours présent, l’implantation de l’église avec un mur intégralement adossé à la colline, ne permettant pas une solution simple et peu onéreuse du problème. C’est pourquoi, depuis plusieurs années des travaux s’avéraient une fois de plus indispensables. Outre l’assainissement de l’église ils devraient contribuer à la mise en valeur de son architecture.

                        (d’après un article de Christian COULETparu en 1983 dans  « LE PERE BOUILLON », revue de l’association « ENFANTS ET AMIS DE BEAUCHASTEL »).